Bashkirtseff

Mercredi, 24 décembre 1873

OrigCZ

# Mercredi, 24 décembre 1873

Nous montons à cheval, moi et Dina. Cette Dina m'a au commencement gâté la promenade, mais vers la fin tout allait très bien.

Je l'avais prévenue que ses cheveux tomberont, je lui dis même qu'elle voulait faire de l'effet, et en effet après une minute de trot ils tombèrent. Ce ne serait encore rien si elle n'y faisait pas attention (comme ce devrait être puisqu'elle s'y attendait) mais elle s'en trouva gênée et se repentit je crois de cet effet. Nous rentrons , elle s'arrange et depuis, tout va bien; elle a même trotté assez bien.

Ces robes des Galve ne me laissent pas un moment en repos, c'est-à-dire que j'en suis extrêmement fâchée et enragée.

Je reste toute la soirée (comme demain c'est Noël) avec maman qui n'est pas bien; elle est couchée sur le lit de ma tante et moi je lui chauffe les pieds. Deux heures se passent ainsi, je les entendais sonner. La pensée des robes ne me quitte pas, je suis au désespoir. Nous causons tranquillement, une partie de ces robes. Après le duc ce que je regrette le plus c'est cette robe, je balance entre les deux.

Vient Papa avec ses alarmes pour la santé de maman et son agitation qui m'enragent, puis Bête revient de Monaco. Ma tante, Dina et Hitchcock au théâtre.

Maman est très charmée de moi, j'étais douce et charmante etc. etc. J'empêche ces canailles d'inventer des terreurs, des bouteilles chaudes et toutes sortes de bêtises. Maman se couche chez elle, moi avec.

On revient du théâtre, on apporte Pitou et je m'en vais.

Ma tante a dit à haute voix à déjeuner que moi j'ai remporté une victoire sur un monsieur, que il regarde toujours, que à la sortie hier, il était debout près de nous il regardait et regardait, que c'était Lambertye.

Voilà ce que j'ai décidé pour cette robe qui me ronge comme le mariage (jusqu'à hier j'écrivais mariage avec deux r) du duc de Hamilton, je m'en ferai une comme celle-ci en quittant Nice pour voyager et en Russie.

Pendant que j'étais près de maman j'ai pensé à tout au monde, à lui sans doute, mais je ne le vois que quand je prie et je ne prie que lorsque je le vois.

Il est une heure.