Mercredi, 17 décembre 1873
# Mercredi, 17 décembre 1873
Il y a une semaine juste qu'il est marié.
Je voulais dire qu'aujourd'hui est un jour si insignifiant qu'il n'y a rien à dire mais malheureusement j'ai ouvert ce livre à la page où se trouve son mariage (page 218) je l'ai lue malgré moi et me voilà encore toute pénétrée de la plus profonde tristesse. Hier soir j'ai prié, et si bien que j'en suis tout heureuse. Ce n'est pas toujours que je puis prier, mais hier j'ai prié de cœur, je sentais qu'Il m'entendait, je ne demandais rien, excepté la permission de prier souvent aussi bien. J'étais si heureuse que je sentis mes yeux s'obscurcir et j'ai pleuré, mais si bien, si calmement. Je croyais que c'était un moment, mais cela n'a pas cessé, j'étais tellement heureuse, en me couchant je me sentais toute autre que d'ordinaire. Bienheureux ceux qui prient !... Mais pour confesser la vérité, je me suis souvenue de lui; ces trois, quatre jours j'étais glacée, mais hier à genoux, tous mes regrets revinrent, mon cœur ne battit point, mais une tristesse si calme, si douce s'empara de mon âme. Et je me trouvais cent fois plus heureuse de pleurer que d'être comme avant-hier.
Oh ! j'étais si bien hier, si comfortable, et Il me permettait de prier.
[Rayé: Que je voudrais]
Maintenant ce n'est que pendant la prière que je sens quelque chose, que je le vois, que je le pleure. Excepté cette heure je suis comme si rien n'était, je ne puis même croire que ce que j'ai souffert soit vrai.
Que je suis bête.
J'étais allée dans l'étude et voilà qu'on m'appelle, M. Lefèvre est revenu, mais pour cette bête je ne descendrais pas, mais Mme de Mouzay est venue alors je descends, je reste avec eux jusqu'à neuf heures un quart. J'ai fiché une heure d'études.