Bashkirtseff

Lundi, 15 décembre 1873

OrigCZ

# Lundi, 15 décembre 1873

Les deux mois sont passés depuis cette terrible journée. Je puis aller au théâtre. Encore "The Duke of Hamilton's Marriage".

THE DUKE OF HAMILTON'S MARRIAGE

Among the most admired of the gifts to the Duke and Duchess of Hamilton on the occasion of the marriage, were Prince Louis Esterházy's presents of a splendid gold bracelet, the centre in the form of a horseshoe set with diamonds and sapphires; and a pair of cat's-eye ruby and sapphire sleeve links; the present of

the Duchess of Hamilton (née Princess Mary of Baden) to the duke, a morocco travelling writing-case, mounted in silver with massive silver fittings; and the Duke of Hamilton's gifts to his bride, a choice necklace of three rows of beautiful Oriental pearls of great value; a bracelet set with splendid diamonds and turquoises, and a bracelet set with fine rubies, sapphires, and brilliants. The festivities connected with the Duke of Hamilton's wedding terminated on Thursday evening with a servants' ball at Kimbolton Castle.

J'étais en une telle fureur en lisant cet article, que je courus vite près du miroir, (j'étais dans l'étude) j'étais essoufflée et je ne pouvais plus étudier. Chaque ligne est un soufflet pour moi. Cher, cher duc ! Jamais tu ne seras à moi. Mais fi ! Je suis honteuse de l'aimer.

Je dus relire plusieurs fois car je ne pouvais me retenir de courir en avant sans finir les mots et les lignes. Je crois que tout le monde aime de la même façon et sent la même chose, car dans "Marco Visconti", lorsque Bice apprend que Offarius se marie, cette scène est vivante, naturelle, magnifique. Aimer tout de même fait du bien, si je n'avais pas aimé et sans bonheur, je ne comprendrais pas cette scène. La seule différence est que Bice a seize ans et c'est une grande fille et moi une enfant. Je me sens dégoûtée en voyant des filles de mon âge aimer; en général rien de plus dégoûtant qu'une fille amoureuse même à dix-huit ans. La femme devrait toujours être indifférente, calme, comme une divinité qu'on adorerait.

Nous allons tous à pied ensemble, maman, ma tante, moi, Dina, Solominka chez Manby mais en route on s'arrête chez Thénard, je post ma lettre, puis j'achète un bonnet de nuit et des pantoufles pour un bazar des Howard, puis nous entrons tous dans la boutique orientale, on achète et, oh ! miracle !, moi aussi du blanc pour une robe. Enfin on arrive chez Manby, il a des étoffes et des jaquettes et des paletots ravissants. Des étoffes Hamilton adorables, et vraiment on est tenté d'acheter, mais raisonnant sagement je n'ai rien acheté de ce que j'aime, car c'est bon pour un homme ou encore comme originalité pour une dame, mais pour une fillette comme moi ce serait ridicule, surtout parce que nous ne sommes pas comme je voudrais, autrement je pourrais. Il y a des ulsters, que nous avons dès le premier instant surnommé conspirateurs, de "La fille de Mme Angot". Enfin il serait trop long de décrire toutes ces adorations, j'ai commandé un conspirator un bleu foncé, calme et très joli. Mais ceux à carreaux sont incomparables, comme caprice, en voyage. Nous avons voyagé à travers toute la Nicae Civitas en grande bande. Chez Manby c'était un vrai bazar j'aime cela, j'étais très animée, je reviens à trois heures home pour donner les choses à Hélène et Lise qui devaient les venir chercher à cheval. Je leur dis l'autre jour de monter droit chez moi, je les rattrape sur l'escalier, je coiffe Lise, je lui arrange son amazone et je file ainsi qu'eux. Maman etc. prennent la voiture et moi avec ass (Hitchcock) à pied, à la promenade je vois le gentil Striker approcher, il me prie de venir à Millet, at my saying que je ne viendrai pas, il pria que nous venions both etc. un garçon shy

A chaque moment libre je pense à eux; comme c'est détestable, pourquoi c'est elle et non moi. Je me sens mieux, car toutes les cérémonies sont terminées. Ils ont enterré.... Cela vaut mieux que ces tourments terribles. Je dors, qui sait ce qui me réveillera demain.