Mercredi, 5 novembre 1873
# Mercredi, 5 novembre 1873
Nous sortons avec Hitchcock à pied (robe bleue, chapeau noir, bien) "elle est tellement innocente" qu'elle m'a dit qu'il ne fallait pas aller tous les jours se promener à la promenade because everybody will know you. J'ai sincèrement ri de cela.
Maman pour la première fois sort aujourd'hui. Après dîner je ne fais rien, pour me livrer à la paresse. A huit heures et demie nous allons à la gare rencontrer les Howard. Moi, Dina, Paul et Hitchcock. Un clair de lune délicieux. Nous sommes trop tôt, on ouvre le landau et nous allons chez Sacco prendre des bouquets. Paul est un vaut-rien, il ne sait que grimacer et réciter des scènes de théâtre, mais il est amusant quand on a envie de rire. Nous retournons à la gare chargés de deux bouquets qui piquaient le nez lorsque nous les sentions mais ça ne faisait qu'ajouter à la gaieté générale. Le vieux Plantus est là, il voyageait avec les Howard mais arriva quelques heures avant eux les ayant quittés je ne sais où. Il y a trente-cinq minutes de retard, en vérité c'est bien ennuyeux d'attendre, pour me divertir j'ai causé avec Plantus, et enfin je l'ai prié de me dire les noms des fleurs, de les examiner, etc. etc. C'était un simple bouquet de roses, tulipes, violettes et héliotropes, mais Plantus l'examina longtemps, puis il paraît que la lumière n'était pas suffisante, il me pria de passer dans la salle d'attente où, ayant approché le bouquet près de la lampe et mis ses lunettes, il le regarda longtemps et commença enfin une série de noms latins avec une prononciation anglaise extra-monstrueuse. Tout le temps je gardais un sérieux rigide et feignait de m'intéresser beaucoup aux noms qu'il me débitait et à ce vil bouquet. Mais pendant que nous étions ainsi occupés, le train est annoncé et on ferme la salle des premières classes où nous nous trouvions, nous voilà donc courant à la troisième classe et passant vite au nez de l'employé étourdi. Le voilà enfin ce train, je vois dans l'obscurité ses deux yeux qui s'avancent rapidement. Je fixe les fenêtres et enfin découvre les objets cherchés. Willy qui avait l'air d'une fille était posté à la fenêtre %% 2025-12-07T10:56:00 LAN: CODE-SWITCH ENGLISH: "to watch us" - English increasingly natural in Marie's prose %% to watch us.
Je monte en wagon et des baisers m'écrasent presque. Ils sont tous tellement contents de nous voir, tellement heureux que vraiment je me trouve dans l'impossibilité de décrire cette scène.
Paul prend les sacs, je prends Hélène et Lise, nous nous mettons dans notre voiture, moi, Lise, Hélène, Dina, Hitchcock et Paul sur le siège et nous allons à la villa Howard où le thé est préparé, nous entrons dans la salle à manger et vraiment j'avais aussi faim que les voyageurs. Impossible dis-je, impossible de décrire tout ce qui fut dit et compter tous les baisers. Je crois que j'ai là de vraies amies.
[Annotation: 1875. Oui, de vraies amies ! Est-ce qu'il y a des amis ?]
J'aime mieux Hélène et Lise est jalouse, pauvre enfant. Doucement nous nous échappons avec Hélène dans leur salle d'étude, il n'y a pas de lumière, nous nous asseyons sur un canapé et bavardons à più non posso. Puis viennent Dina, Lise, Aggie, les garçons et tous.
Mais il est temps de partir. Et avec mille protestations de friendship, d'amour et de tendresse nous nous quittons. Je fais ce journal le lendemain, car sachant comme Hélène est jolie je ne voulais pas me fatiguer.