Mardi, 4 novembre 1873
# Mardi, 4 novembre 1873
Nous allons encore à la gare, moi, Dina et Hitchcock, je demandai la permission au chef de gare et nous passâmes au buffet. Il y avait déjà quelques personnes, M. et Mme Addy et M. Willy se promenaient sur la plate-forme, ce que nous fîmes aussi (robe bleue, chapeau noir, bien) en attendant le train. Peu à peu il vint encore du monde. Enfin voilà le train, mais en vain nous cherchons, rien. Il arrive beaucoup de monde, mais poudreux. Nos voisins d'Acqua Viva M. et Mme Clockman et la mère avec deux quasi jolies filles, américaines. Et pour couronner le célèbre duc Gros, l'animal avait une casquette de commissaire sur la tête. Comme Nice est sale ! Il n'y que des Saëtone, des Gros, etc. etc. Vraiment je me sens humiliée de vivre ici et je suis honteuse de moi-même. Pas une âme vivante, propre. Tout cela ce sont de la poussière, des cailloux, du limon et de l'écorce d'orange.
Mon Dieu entends ma prière, fais-nous partir de Nice au printemps. Tout ce qui faisait Nice pour moi, n'est plus. Oh ! si il venait à Nice j'y resterais avec bonheur !
Une quantité de monde va à Monaco mais ce sont encore des écorces de citron. Nous allons alors chercher mon en-tout-cas, je l'ai laissé au London House. De là je %% 2025-12-07T10:51:00 LAN: CODE-SWITCH ENGLISH: "walk" - simple English verbs creeping into French %% walk avec Hitchcock à la poste et au change, en passant Sacco j'entre prendre un bouquet de violettes, il y a Saëtone qui achète lui aussi une rose. %% 2025-12-07T10:51:01 LAN: MARIE'S VOICE: "caillou" - pebble/stone, another mineral insult (with écorces and poussière) %% Ce caillou ose me regarder.
Je commence à m'habituer à Hitchcock, elle est gentille et j'espère que tout ira bien.
Nous passons à la promenade Addy-Brady, comme appelle Bête M. Addy et M. Willy, ne sont pas allés à Monaco, je vois ce couple charmant se promener dans le voisinage enchanté du London House, ils marchaient up and down et à chaque tour de plus leurs yeux devenaient de plus en plus petits et rêveurs.
J'entends derrière moi une voix:
- Bonjour, Moussia.
C'est Nathalie Patton, elle a envie de voir ma robe, bon. Je pris son bras et nous avons marché ensemble jusqu'à chez eux; dans quelques minutes nous prîmes la voiture, je fis passer devant la villa Howard pour voir si par accident ils ne seraient pas arrivés hier soir, mais non. Encore quelques commissions en ville et we are off. Walitsky me rencontre à la poste, le télégramme de Howard à la main. Ils télégraphient de Turin comme Lise me l'avait écrit dans sa dernière lettre. Ils arrivent demain à huit heures quarante-cinq minutes du soir, Mme Markevitch est une petite femme très mal élevée, et à cause de je ne sais quelle bêtise avec Walitsky devient impolie avec tous et a vraiment l'air de loger chez nous [Rayé: comme dans un hôtel] par complaisance. Elle arrive à déjeuner:
- Qu'est-ce qu'il y a ? Allons vite - mange et s'en va. A dîner elle lit. Vraiment c'est bien extraordinaire. Comme si elle fait un honneur en restant chez nous.
En vérité M. Anitchkoff a très joliment raconté l'honneur qu'elle nous fait, comme elle est malheureuse chez nous, comme on la maltraite après toutes les bonnes lettres qu'elle nous a écrites, etc. etc. et il termine en disant qu'à la vérité on ne doit pas se gêner dans une auberge. Oh mon Dieu emporte-nous de Nice !
On redore et on réarrange chez Gioia, je pense qu'elle viendra.
Nous passions sa villa et tout à coup Bête demande comment on doit dire, premiers amours ou premières amours, car votre maman a dit ce matin: on revient toujours à ses premières amours, au lieu de premiers amours.
Elle dit cela en regardant [la] villa Gioia, je devine, on a parlé du duc de Hamilton, de son marriage et de Gioia.
Maman disait qu'il reviendra à Gioia. Un mot, un regard, un geste me suffisent.
Comme je suis ennuyée. Pourquoi ne m'aimera-t-il pas ? Ai-je tant péché ?