Mardi, 21 octobre 1873
# Mardi, 21 octobre 1873
After lunch je n'ai que deux heures de piano, je vais tirer avec Walitsky, Paul et Trifon. Le fusil de Paul est très bon. Nous avons fait le tour de toute la campagne, car notre villa est bien une campagne avec des plaines, des champs cultivés et même des paysans, sans rencontrer un seul gibier. Walitsky s'en alla, je pris le fusil et je tirais sur un pauvre petit oiseau. Barbare que je suis ! Mais je deviens un chasseur passionné et je raisonne autrement, c'est-à-dire je ne raisonne pas du tout. Je l'ai blessé, mais il s'envola, non contente de cela cruelle que je suis, je le poursuivis et knock him down avec un second coup de fusil. Je commence à le manier avec facilité. Ah ! quel plaisir de tirer !
J'ai reçu la jaquette de Worth, elle ne me plaît pas, bien heureusement maman la garde pour elle ou pour Dina.
Nous sortons enfin (robe verte, bien) au quai Saint-Jean-Baptiste nous voyons Wittgenstein avec sa belle-laide. Je vis leur dos seulement. La princesse fut saisie de frénésie.... subhorbitaire [sic] supposons.
- Tournons, tournons, oh ! vite, vite !
Nous avons tourné mais hélas trop tard. Les deux désirés s'évanouirent comme un nuage, de plus il fallait mener Paul au lycée. Nous l'avons attendu près de la maison une dizaine de minutes, aller et venir a aussi pris du temps. Nous perdîmes le plus beau moment de la promenade et Wittgenstein en plus. La princesse en est inconsolable, j'en suis fâchée, je voudrais les voir, ce sont les seuls pour le moment qui offrent quelque intérêt, lui surtout. Elle est une vieille puppy, on peut appliquer ce proverbe russe Un petit chien restera toujours un chiot. Il faut vraiment être habitué, autrement je ne comprends pas ce Wittgenstein. Lorsque nous sommes avec Bête nous rions tout le temps, souvent elle commence à dire et s'arrête disant:
- Ah ! que c'est ennuyeux qu'elle n'est pas mariée ! on ne peut pas tout dire.
Mais quelquefois un mot, une syllabe lui échappent et je comprends, sans vouloir. Nous allons au London House et tout à coup entrent le duc d'Audiffret et le prince Saëtone. Ils passent de l'autre côté. La princesse veut voir même ceux-là. Et sous prétexte de sandwich nous allons ayant fini le chocolat. Mais hélas pour elle nous ne les trouvons pas ! Tout nous fuit aujourd'hui.
Nous rentrons, et en route nous bavardons de Wittgenstein qu'elle veut m'imposer. Elle est folle cette Bête !
Je chantais la légende de Faust:
- Il y eut un jour un roi qui jusqu'à la tombe fidèle...
- Mais il n'y a personne qui soit fidèle jusqu'à la tombe, interrompit Bête.
- Si, Wittgenstein est fidèle.
- Mais il est fidèle par habitude, je vous assure que si l'on voulait le marier comme Hamilton pour la famille, on pourrait très facilement, et elle s'envolerait au diable et se briserait si bien qu'il n'en resterait que de la glaire.
Mais ça arrivera bientôt, tout le monde est en train de...
C'est le breaking out, princesse, le breaking out ! Alors mon mari le premier broke out, le premier. Et toutes deux nous éclatons de rire.
Bête s'étonne comment maman peut vivre sans love. En vérité c'est étonnant ! Je ne pourrais pas moi !
On dîne déjà et nous recevons un scolding de maman pour avoir mangé avant dîner. Je ne sais plus comment mais Neptune est en colère et les flots de la charmante vie de famille s'agitent. Paul est grondé par maman, papa empêche maman, il se mêle où il n'a rien à faire et par cela anéantit le respect de Paul pour maman. Paul s'en va barbotant comme un domestique; et entrant chez lui frappe la porte, maman court après lui, papa s'élance après maman criant, sans savoir pourquoi, je vais dans le corridor pour prier papa de ne pas empêcher l'administration et de laisser maman faire ce qu'elle veut. Car c'est un crime que de soulever quoique par bêtise et manque de tact seulement, les enfants contre les parents. Je le rencontre et lui dis tout bas: