Mercredi, 24 septembre 1873
# Mercredi, 24 septembre 1873
J'ai appris par Elder qu'un garçon américain "admired you". Je trouve que l'on s'occupe trop de moi. Je n'ai presque rien fait. A cinq heures je mets la robe verte (mal) et nous sortons. A la promenade, sans doute. Dina est mal inspirée, elle fait l'enfant. Et comme cela ne lui va pas ! Plusieurs fois elle m'effraya et je ne sais pourquoi, lorsque passe Addy elle se tourne et fait des grimaces. C'est un enfantillage stupide. La Gioia bras dessus bras dessous avec Soubise se promène. Une robe blanche longue, qu'elle relève, une jackette [sic] jaune écrue en drap garnie de plumes, une façon adorable, collant derrière, mais sans couture, le devant fermé de côté comme un armiak russe, la casaque courte. Un chapeau fichu ton écossais, fond blanc sur le front. Elle est adorable aujourd'hui. A déjeuner tout le monde parle d'elle. Et ma tante affirme que le duc l'a chassée. Quelle bêtise ! Elle peut le chasser, mais lui !
Dans ma chambre, lorsque j'essayais mes robes, on parlait encore d elle et de lui. A déjeuner, Pamela était là. On analysa la Gioia de la tête aux pieds. Ma tante la trouve laide de figure mais superbe de manières, sa tournure, sa démarche et manières sont adorables. C'est l'opinion de ma tante. Quant à moi je la trouve belle de toutes les façons.
- Les uns disent que Hamilton l'a quittée, et les autres que, au contraire, elle est mariée avec lui, dit ma tante.
Mais ça n'est pas possible, on ne lui défendrait pas l'entrée de Monaco. Non, le duc de Hamilton ne laisserait pas sa femme dans une telle "position", avec des Soubise et d'autres. Elle se conduirait autrement, non, non, cela n'est pas.
Revenons à la promenade, elle a une manière de regarder de côté qui m'enchante et m'irrite, nous la passâmes de toutes les manières, cinq ou six fois. Elle est adorable. Plus je la regarde plus je la déteste, car chaque fois je dois confesser qu'elle est belle. Mais quelle joie aussi quand elle me paraît plus laide !
Je l'adore, je l'envie, je l'admire et je la hais ! Si elle n'était pas ce qu'elle est, je ne l'envierais pas. Y a-t-il peu de belles. Mais elle me semble dix fois plus belle qu'elle est en réalité parce que, parce que... enfin ! Elle porte un air victorieux qui embellit et puis sa taille énorme.
Oh ! pourquoi ne suis-je pas grande de taille ! Je ne sais exprimer ce que je sens en voyant Gioia. Il l'aime, et je me sens tellement écrasée que je la regarde comme une perfection. Son amour d'une laide à mes yeux feraient une passable. Et lorsqu'il s'agit d'une aussi belle femme, je me perds. [Rayé: Elle doit être enragée que nous la passions] Elle nous a remarquées, ce n'est pas difficile: lorsque je la passe, je ne la regarde que quand elle est loin de peur qu'elle remarque. Mais souvent elle se tourne et nous regarde. Que n'aurais-je pas donné pour lui parler, pour la voir une demi-heure de près !
Nous rions comme des bienheureuses, moi, Dina et Bête. J'ai dit que j'adore Gioia et que je voudrais faire sa connaissance.
(Mmes Vigier, Henderson et Stokes Boyd arrivées).
- Mais vous rappelez un peu Gioia, dit Bête, n'est-ce pas Dina ?
- Ne me dites pas cela, ce serait trop beau. Moi ressembler à Gioia ? ce serait vraiment bien.
- Oui, oui c'est vrai en profil.
Nous rentrons en riant et criant comme des fous. A la porte un tapage affreux. Georges est chez nous, il est un peu gris, il dînait avec Malausséna II et le maire et encore quelques personnes.
Si ~e~||~e~ était petite elle ne serait le quart aussi belle. Mais cette taille majestueuse est divine. Je suis triste, ce matin après la conversation sur Gioia et Hamilton, j'étais mélancolique. Pour eux tous ce n'est rien, ils parlent de cela comme d'autres choses mais, moi, (ton doux) folle que je suis. Pourquoi aussi vouloir tout. Ce n'est pas ma faute que je l'aime. D'abord je plaisantais, mais à présent. Ah ! puisse-t-il savoir un jour qu'il y avait une folle qui l'aimait. Tout (vivace) cela est bien, mais je m'humilie diablement. Comment, où est ma fierté ? Comment ai-je pu descendre jusqu'à un ton aussi lamentable ! Et ces déclarations continuelles, cet amour. Fi ! Fi ! Où est ma fierté, où est ma fierté ? Je suis honteuse de moi-même. Et s'il me savait si lamentable !
Mais au fait, personne ne sait, je fais des déclarations à moi-même, il n'y a pas de honte et d'humiliation. Mais ma fierté et mon amour-propre sont blessés. Je suis honteuse d'aimer la première, et fâchée oui fâchée car je suis fière.