Bashkirtseff

Lundi 15 septembre 1873

OrigCZ

Lundi 15 septembre 1873

Je suis paresseuse, mon réveil sonne à cinq heures, je le remets à six heures et dors jusqu'à sept heures. Si je retarde une demi-heure, toute la journée est gâtée, je ne fais plus rien. Cela arrive aujourd'hui. Ni pour l'anglais, ni pour l'italien, ni pour le latin. Rien en un mot. Mais j'eus une leçon de conver­sation avec la Hitchcock, c'est plus utile que toutes [les] autres choses.

J'ai pour la première fois parlé l'italien aujourd'hui. Le pauvre Michelezzi faillit tomber évanoui ou se jeter par la fenêtre. Je suis contente moi-même, je puis dire que je parle le russe, le français, l'anglais et l'italien. J'apprends l'alle­mand et le latin. J'étudie sérieusement. Avant-hier, j'ai eu ma première leçon de physique. Ah ! comme je suis satisfaite de moi. Quel grand bonheur est celui-là.

J'ai reçu "Le Derby". Je découvre au duc des quantités de chevaux. Les courses à Bade étaient. Comme je voudrais y être. Rien ne m'empêche mais je ne veux pas; je dois étudier et le cœur serré, je lis les courses, les chevaux etc. etc. Je fais un effort, je me calme avec grand peine et je me console en di­sant: Maintenant étudions, notre tour viendra ! si Dieu le veut.

Je lis ce journal et les yeux brillent, les doigts sont glacés et si je parle, ma voix tremble. Il n'y a pas à douter. J'adore, j'adore, j'adore les chevaux. C'est ma vie, mon âme, mon bonheur. Par hasard j'ai agité ma cravache et le même sifflement dans l'air, comme aux courses. J'ai sauté, je ne savais où je suis. Ah ! tenez, il vaut mieux ne pas en parler !

Je monte à cheval, mais la selle est abominable, la chose du genou tourna et la selle elle-même s'est reculée à gauche. Le cheval Cosaque est charmant. A la promenade je vois une femme jolie et gracieuse, c'est Gioia, je l'ai reconnue après l'avoir passée. Je retourne of course, elle marche avec la Soubise, fi ! de la fin de la promenade, il faut retourner mais en passant Tanerie qui est à côté de Gioia, des chiens se jettent sous les pieds de mon cheval et il s'arrête, mais je le bats et il n'eut pas le temps de s'arrêter et a continué mais irrégu­lièrement.

- Prenez vos chiens, ils arrêtent les chevaux, ai-je dit à l'ânier, en colère.

Les deux femmes étaient là. Mais encore, je ne les ai vues qu'après avoir parlé. La voix ne me manqua pas et j'ai bien dit.

Il faut que je me trouve bien mal pour descendre du cheval, car je pouvais à peine arriver chez Mouton, je lui rendis le cheval avec un scolding et je remontais en voiture.

Au London House je vais avec Bête, prendre quelque chose, du chocolat, nous parlions anglais et assez librement, lorsque je m'aperçus que la dame du comptoir nous comprenait. Bête continuait toujours son du....c, cette fois duke. J'aime mieux duke que duc. Je lui racontais comment Carlo attacha un cochon à son pied et se promena à Bade (histoire de Walitsky). Elle me conseilla une vache. Quand vous vous promènerez avec your brother-in-law Carlo, you with a cow and he with a pig it will be very nice. And the duke your husband will pass and say: How, my dear, what is this madness ? Mais vraiment ce tableau est piquant. Nous avons dit assez de bêtises ce soir, dear me !

Lorsque j'ai dit qu'il est marié, la Bête me répondit: