Lundi 29 janvier 1883
# Lundi 29 janvier 1883
Gaillard nous fait entrer à la Chambre, c'est aujourd'hui la discussion sur l'exil des... princes. Un monde fou, on a toutes les peines du monde à entrer mais Gaillard se donne un tel mal qu'il y arrive et en sortant de la séance j'envoie des fleurs à sa femme, l'ex-Mme de Quincey. Il n'y pas d'orateurs.
Floquet est prétentieux, parle mal mais a trouvé un argument dont j'avais besoin pour approuver l'expulsion. "On ne doit pas tolérer, a-t-il dit des hommes qui se posent ouvertement comme dépositaires d'un principe [Rayé: qui se considère] supérieur à la volonté nationale, des hommes qui reconnaissent et proclament un droit au dessus de la volonté de tous".
J'entendais assez bien en somme et voyais pas mal. Paul de Cassagnac entre autre, qui n'a pas parlé et qui s'est tenu tranquille, et qui m'a paru laid tout d'abord et que j'ai retrouvé beau en partant; il m'a vue je crois, je l'ai regardé comme tout le monde... Plus peut-être et il m'a lorgné à ce qu'il m'a semblé. Je crains d'avoir fait des signes d'approbation, mais je suis si contente d'être républicaine et de savoir pourquoi je le suis... Enthousiasme de jeune homme...
On aurait dû mettre un crêpe à la tribune, Brisson présidait, je l'aime bien depuis son discours sur Gambetta. Il avait raison, "ce chant héroïque qui était la poésie de [Mots noircis:notre lutteur] depuis quinze ans, nous ne l'entendrons plus..." Clémenceau n'a pas parlé... Nous en sortons à sept heures accompagnées de Missak de l'ambassade de Turquie...