Mercredi 30 août 1882
# Mercredi 30 août 1882
C'est d'abord le tapissier qui me dérange de ma peinture, puis un autre, puis c'est une averse, ensuite c'est la petite qui ne pose pas du tout, et enfin c'est Félix qui vient pour je ne sais quoi... Et au bout du compte je viens écrire pour ne pas pleurer. Je suis énervée à un point !!... Sitôt que j'ai dessiné, préparé et sur le point de peindre, arrive quelque chose pour m'en empêcher, de sorte que je suis désespérée en commençant chaque étude parce que presque jamais je ne puis finir. Et c'est la mort. Je suis très malheureuse.
L'art, ce n'est même pas de l'art, les tourments d'un artiste sont quelque chose de noble.. Je n'ai pas le droit de prétendre à tout, ce ne sont que des vulgaires embêtements d'un être à qui rien ne réussit.
Qu'est-ce que je fais ? Rien !
Je commence, je lâche, je recommence et tandis que d'autres font une étude chaque semaine, moi !... Je me consumme en vains efforts, comme quand on veut crier dans un cauchemar et qu'on ne peut pas.