Lundi, 20 juillet 1874
# Lundi, 20 juillet 1874
Nous partons à onze heures à la cascade de Caux où nous trouverons Gambart avec ses hippopotames. Le chemin est aride, une chaleur écrasante. Je me tais le long de la route, plus de deux heures.
Je me trouvais très mal assise à la même table avec ces gens. Gambart avait amené avec lui Kirsh, les Malézieux, Body et la Godefroy. Société choisie.
Comme ils parlaient, comme ils riaient ! Je me croyais au théâtre. Mais je m'évaderais volontiers. J'avais grande envie de sauter sur un des chevaux qu'on venait de dételer et de m'enfuir.
Gambart va nous montrer la [Rayé : fontaine] cascade, moi et Dina. Je respire avec lui, sans tous ces gens. Depuis que je me suis déclarée infaillible et que je me suis trompée j'hésite à dire ce que je pense. Je pense que Gambart pense à Dina. Maman pense comme moi et me l'a dit. Heureusement nous retournons, la cascade ne vaut pas un si long voyage.
Je pensais en route.
Il y a une grande illumination ce soir, et une fontaine [Rayé : par des feux électri.] électrique au fond de l'allée (robe argent, chapeau noir, bien). Maman est élégante, j'en suis ravie. Je ne voulus pas m'asseoir auprès des Davignon, Viviani et les Polonais. Nous avons fait quelques tours dans l'allée. Le Grec est avec sa mère. Basilévitch a envoyé Gericke [Rayé : et le comte] en promenade, lui ordonnant d'emmener le comte pour que, n'étant pas avec elle, ils ne soient pas avec nous. Mais ils viennent tous aux carrousels, avec nous, comme hier. Je me suis beaucoup amusée. Moi, Dina, Gericke, le Grec, Walitsky, le comte, sommes dans une voiture et Paul nous précédait montant deux chevaux à la fois. Nous laissions sur notre passage un sillon de rires et de gaieté. Cette gaieté était contagieuse et tout les gens qui nous entouraient s'amusaient bien plus que les autres. Haristoff (un très beau garçon) nous regardait tourner. Maman, de Bauche, Body et la princesse nous regardaient. Basilévitch vient enlever Gericke, elle vient le chercher ici, je crois bien elle était toute seule.
J'ai enfoncé une épingle plus qu'à la moitié dans la main du comte. Il me déplaît, c'est pour cela que je lui fais des yeux et le traite favorablement. Gericke a été affreux, il a dansé le cancan en allant aux carrousels. Maman a été trop bonne.
Cet homme s'oublie !
Basilévitch est pâle, les yeux rouges. M. de Tanlay est parti à midi. Elle a sans doute passé la nuit dernière à pleurer son départ.
La soirée finit mal. J'avais la bêtise de vouloir entrer chez Baas avec tout le monde pour prendre [Rayé : un verre de] de la limonade, nous rentrons et aucun des messieurs ne se lève pour nous reconduire. Maman rentre furieuse, moi humiliée et plus que furieuse.