Vendredi, 12 juin 1874
# Vendredi, 12 juin 1874
Je trouve "L'amour", par Michelet, fade, ennuyeux et sale. Cet amour dégoûterait de l'amour.
Je vis autrement ici, à Nice c'était moi qui était levée la première avant les domestiques même, et ici je suis la dernière. Je me réveillai lorsque maman, Dina et Walitsky étaient rentrés, à dix heures. Je m'habille et à onze heures trois quarts nous sortons, nous allons au Jardin d'acclimation. Il y a du vent, l'air est frais. Je trouve les jardins bien pauvres d'animaux, les chiens même ne sont pas complets. Il y avait un ★jeune chien, seul dans son compartiment, et qu'on pouvait très bien prendre à travers les barreaux en le montant jusqu'en haut. Il est ravissant et encore un jeune chien*, j'avais grande envie de le voler.
Ces fameux chimpanzés Jacques et Louise sont malades et ont l'air fort malheureux. Lorsque nous nous trouvâmes de nouveau aux Champs-Elysées il était deux heures passées. En passant le Panorama quelqu'un proposa d'y aller, je l'ai vu encore au mois d'août dernier, de là au Palais de l'industrie. Au moment où nous approchons le prince noir part, dans une véritable 'brouette*, de clair habillé. Comme toujours je n'ai vu que son dos.
J'ai rougi, Walitsky n'a pas vu, maman n'a pas vu.
- Voilà Wittgenstein.
Walitsky - Le diable sait ce que c'est comme brouette.
Moi - Comment peut-on, une brouette élégante.
[Rayé: Le prince noir me plaît]
Wittgenstein est bien [Rayé: quand il es] car plus sa voiture est extraordinaire et petite, plus il est majestueux. Cette majesté dans une brouette me plaît plus que je ne peux dire.
Il y a un tableau qui a fixé mon attention c'est le Jugement de Paris, il est si mal fait, de plus il a l'air sale, et les déesses sont comme les déesses du Théâtre français de Nice.
Depuis son histoire avec Gambetta je voudrais voir le comte de Sainte-Croix.
J'essaye chez Caroline puis nous allons chez Smith, puis enfin à la maison.
Combien de courses !
Il y a une chose fort désagréable, c'est que l'amazone de chez Dusautoy est impossible, c'est une canaille que ce Dusautoy. L'amazone est chez lui et il veut l'argent, quatre policemen sont venus, pour s'en débarrasser on donna ces misérables trois cents francs. Walitsky pourvoira à tout. Je n'aime pas m'occuper de ces choses.
Qu'on se figure une chose, que je rougis pour le prince impérial. C'est plus que bête.
Le soir je vais à la Gaîté déguisée en noir avec Walitsky et Paul. On m'a regardée.