Bashkirtseff

Dimanche, 4 janvier 1874

Orig

# Dimanche, 4 janvier 1874

Comme il est doux de s'éveiller naturellement, mon réveil n'a pas sonné et j'ai ouvert les yeux de moi-même. C'est comme lorsqu'on va en bateau et qu'on s'oublie, le bateau s'arrête et on se réveille. Après avoir performed my morning ablution je passe chez maman pour savoir des nouvelles d'hier. Je trouve tout le monde très animé et content, ça fait du bien de s'amuser on n'a pas le temps de penser à toutes les querelles de famille.

C'était très bien hier, les plus jolies toilettes, celles de Mme Prodgers, de maman et ma tante. Dina était très animée et admirée dit-on. Une coiffure à la Marguerite etc. etc. comme robe de jeune fille qui sort pour la première fois, celle de Dina était ravissante, même le sévère Patton a fait des compliments. Enfin tout le monde est content. Le buffet froid, chaud et le souper, le tout pour deux cents personnes étaient admirablement parfaits. Personne ne va à l'église, je suis prête à une heure seulement, c'est alors qu'on déjeune. On dit que Loftus le frère de cette Loftus à laquelle Hamilton faisait la cour à Bade, était hier à la soirée.

Il pleuvait, mais après le temps est assez beau, foggy, humid et gris.

Je sors avec Dina et Nadia, (robe brune et chapeau, bien). Notre cher Auguste est insupportable, il nous mène si lentement. Il y avait assez peu de monde. La musique finie nous rentrons et je ressors avec ma tante (conspirateur). Dina reste à la maison.

A peine nous fûmes à la Promenade que le soleil couchant et rouge comme le feu apparaît, je ne pus m'empêcher de sourire tant ce rayon après une journée grise et triste m'a semblé être un sourire après des larmes.

Je commande au London House quelques bonnes choses et zu Haus. A dîner, bonheur extrême on a parlé du duc. On a commencé par parler des cadeaux qu'on a coutume de donner en Angleterre à l'occasion des mariages, puis j'ai raconté les cadeaux qu'avait reçus Miss Gladstone, puis on en vint à lady Montagu. Papa demanda s'il était déjà marié et où il se trouvait, si lady Montagu était riche. Lorsque je dis qu'elle est très riche, il dit que Hamilton redressera ses affaires, car il était ruiné. Je me suis empressée de réprimer cette erreur.

J'ai raconté ses présents en anglais et en russe, d'un air très indifférent, en même temps que ceux de Miss Gladstone. Ma tante me regardait.

Je suis allée étudier pour une heure, puis je vais me coucher, mais dans ce monde on ne fait pas ce qu'on veut, je suis entraînée par moi-même à descendre prendre du thé. Il y avait en bas ma tante et Solominka, cette dernière me parla de Gioia, de sa robe, de sa tournure, de sa face fardée et demanda à Bête à qui elle est. Celle-ci dit qu'avant elle était à Hamilton et maintenant à qui veut. Solominka:

- Pourquoi l'a-t-il laissé tomber ?

- Parce qu'il est marié.

Ma tante: - Demandez-lui, dit-elle en riant.

On disait que Lewin est beau; j'ai dit que je n'aime pas ces figures. Solominka dit qu'elle aime les hommes comme Hamilton. Miserere ! Je crois bien Hamilton beau comme un dieu. Gioia et Hamilton ! voilà deux animaux qui jouent un grand rôle dans ma vie. Miserere !

J'ai détaché la cordelière de mon vêtement et nous avons sauté à la corde avec Solominka. Maman est fatiguée, elle a gardé le lit toute la journée.

Demain le Tir. Miserere !