Lundi, 24 novembre 1873
# Lundi, 24 novembre 1873
Un hippopotame russe Soukhotine est venu chez nous, il a vu maman hier à la musique et nous a parlé en voiture. Vrai hippopotame, il crie comme une bête et finalement a chanté du russe. J'entendais tout cela de l'étude.
A deux heures et demie je vais me préparer, car je monte à cheval, je viens habillée au salon où il y a diadia et Soukhotine. On me montre. Mais en vain j'attends le cheval, je crois qu'en disant au groom de venir je dis to morrow au lieu de to day comme il m'arrive souvent en anglais.
Nous descendons au jardin, moi en amazone, près du croquet et de la fontaine. Ce qui est désagréable dans cette maudite Buffa c'est que tous les cochons de la terre passent par le jardin. Aujourd'hui par exemple des enfants et une bonne viennent et restent tout près de nous, plusieurs fois Bête leur dit de s'en aller mais ils semblent de pierre et restent toujours sans dire un mot comme des muets. Ensuite plusieurs Niçois imprudents viennent s'asseoir sur le banc, je dis au jardinier de les faire en aller, il leur dit mais ces canailles ne bougent pas. Je suis exaspérée, à tous les charmes de notre délicieuse habitation sont ajoutés maintenant tous les animaux qui passent, que dis-je, qui restent et nous regardent comme un spectacle. A peine eûmes-nous le temps de rentrer que Walitsky arrive et nous le prions de chasser ces affreuses bêtes imprudentes, cette fois ils décampent.
Je reprends ma forme première; nous sortons moi, ma tante, Dina et maman. Il est quatre heures passées. On alla chez diadia pour quelques minutes, il attend sa fille, aujourd'hui et demain. Avant de rentrer, au London House, des oranges, du raisin et une superbe poire.
Aujourd'hui je le vois comme le jour des courses et du tir. Aux courses avec sa canne. Il me semble qu'il me regarde, une cigarette à la bouche, sifflant et descendant les marches de la tribune s'appuyant sur une canne.
Vraiment je l'aime. Il me semble que je supporterais tout de lui, et je serais heureuse. Le soigner, prévenir ses caprices, l'adorer, voilà quelle serait ma vie. Sans en avoir l'air, sans doute, car s'il voyait que je l'adore il serait trop superbe et négligent. Je veux qu'... je voudrais qu'il soit à mes pieds et qu'en même temps je sois aux siens.