Bashkirtseff

Samedi, 22 novembre 1873

OrigCZ

# Samedi, 22 novembre 1873

Je vois avec peine. As days went on it became sadly clear that Hitchcock is an ignorant and stupid female. Elle ne sait rien, rien absolument rien. Je sors avec elle à pied (robe brune, chapeau noir, bien). Une journée splendide. Il n'y a pas ce soleil que je déteste, mais il fait gris, gai, frais. Il y a beaucoup d'hommes à la promenade, %% 2025-12-07T12:06:00 LAN: MARIE'S VOICE: "olives salees" - salted olives, another food-based insult for worthless people %% mais tous, je pense, des olives salées. Nous avons la voiture juste assez pour faire un tour et retourner, mais sur le quai près de Mortier nous rencontrons maman et ma tante, nous entrons ensemble, je n'achète rien of course mais elles prennent plusieurs chapeaux. Je prends du raisin adorable et nous rentrons enfin, près de la ruelle je vois Brunet qui s'en va; je suis en retard pour ma leçon de dix minutes mais je le rappelle et je prends la leçon.

Je suis si contente qu'après dîner je puis rester sans rien faire ! Tout le monde s'en va et nous restons seules avec Bête. J'ai changé de coiffure, je pose des tresses derrière très gentillement et je suis bien plus jeune comme cela, je parais avoir l'âge que j'ai.

Nous restons au moins une demi-heure accoudées à la table de l'antichambre et causons nous regardant dans la glace. Bel amusement ! Nous rions cependant.

Nous avons parlé ((cocottes)) la Pauline, etc. A chaque instant Bête commençait une phrase et s'arrêtait disant: Quel dommage que vous n'êtes pas mariée, j'allais dire une telle chose ! Ensuite nous passons à la salle à manger et on parle des maris. Race hideuse et traîtresse, de la famille des singes. J'ai expliqué assez clairement mes idées sur l'amour d'un mari (voir dans un des livres précédents). Elle me dit:

- Pour vous ce sera la même chose n'est-ce pas si votre mari vous trompe ?

- Non, pas du tout j'en serais très vexée, mon amour-propre serait blessé; comme si une dame de société donnerait la préférence à une autre que moi pour une invitation ou quelque chose dans ce genre, je serais également fâchée.

- Oui, alors vous avez un caractère jaloux comme moi.

- Oui, je serais très fâchée au commencement, mais tout passe, tout s'efface. Je regarde cela comme cela, tant que l'homme vous aime assez pour ne pas penser à une autre, c'est bien, mais du moment que vous avez pu laisser un vide assez grand pour y placer une pensée seulement, pour une autre c'est fini. Et il n'y a rien à dire.

- Mais souvent un mari trompe en aimant au fond.

- Bêtise, ça ne se peut pas, ce sont des contes ! Racontez cela à d'autres. C'est fini et on doit oublier et s'amuser. Ah ! mais on ne peut pas oublier, on dit qu'on doit se consoler de ses enfants, mais ça ne se peut pas. Sans doute pas, l'amour pour un mari et l'amour pour des enfants sont deux choses différentes. L'un ne remplace pas l'autre.

- Oui mais nous sommes faits pour aimer, c'est pour cela qu'on vit, même supposez vous allez dans une soirée, mais vous avez un intérêt, toujours, vous aimez mieux parler avec un qu'avec l'autre.

- Oui, je crois bien, mais les faces me sont indifférentes pourvu que ce ne soit pas un poussiéreux.

- Oui, sans doute, mais vous préférerez donc que le duc de Hamilton vous parle plus que Saëtone.

- Je crois bien, le duc de Hamilton est au moins comme il faut, il n'est pas poussière.

- Eh bien vous voyez bien que vous êtes une petite fille, mais vous préférez une personne à une autre, c'est déjà une espèce d'amour, vous avez un intérêt quelconque lorsque vous allez au théâtre ou à la promenade, vous pensez voir telle ou telle personne etc. etc.

Nous nous comprenons très bien, elle a raison et moi aussi. Alors je me couche sur la table qui est près du mur et nous parlons futilités. Vient Hitchcock puis papa, puis enfin vient diadia; nous envoyons chercher les voyageurs chez les Anitchkoff, ma tante vient et je profite de cela pour aller me coucher. Mais je reviens dans quelques minutes car j'écris à Worth et voudrais parler pour ma robe. On m'agace avec mes études, je suis obligée de dire que j'étudie très peu etc. etc. car on dit que j'étudie trop. J'écris et je cause à travers la porte. Ils ont fait connaissance d'un Russe antipolvere, Berr, je demande comment il est et maman le décrit, Dina ajoute un nez rouge, alors maman dit que son nez n'est pas plus rouge que celui de Hamilton. Dina: - Ils savaient à quoi comparer.

- Premièrement chez Hamilton son nez n'est pas beau et tout son visage est rouge. Moi:

- Dina me fait une description de Hamilton caricature et dit que Berr est ainsi, mais maman raconte comme il faut. Dina dit:

- Pourquoi avez-vous dit qu'elle serait enthousiasmée. Je ne m'enthousiasme jamais pour les pantalonnés. Oui, et comme j'ai été heureuse quand sur le pont j'ai vu le parent d'Hamilton.