Samedi, 8 novembre 1873
# Samedi, 8 novembre 1873
Nous sommes invités chez les Howard, (robe verte, chapeau noir, mackintosh, bien). A la fenêtre déjà je vois des faces rayonnantes, j'entre et Aggie m'embrasse mille fois et me remercie pour la petite boîte. Il y a M. et Mme Friedlander, ce sont de charmants vieux, c'est-à-dire elle, pas lui. J'ai parlé anglais devant tout le monde, je commence à avoir de l'aplomb.
Le temps passe à dire des nonsenses, nous parlions de théâtres, robes, etc. etc. Mais Hélène et moi devenons de vraies amies. Je l'aime cette enfant, je l'aimerais encore plus si j'étais plus belle qu'elle. Aujourd'hui cependant je suis bien. Je me fatigue trop, je ne dors pas assez, seulement sept heures et demie.
Hélène me raconte les triomphes de Patti à Londres, ses toilettes, les bouquets, les bijoux. Et me voilà toute enflammée et désireuse de chanter sur la scène, comme Patti.
Nous allâmes au salon et nous posons sur le canapé moi, Hélène et Dina, à côté de moi sur une chaise Hélène, et Aggie à mes pieds. Jean sur un autre canapé vis-à-vis. Cette chère petite Aggie me confond, elle embrasse mes mains et mes genoux. Hélène me confessa lorsque nous montions l'escalier seules, qu'avant moi elle n'avait pas d'amie, car elle n'aime pas les petites filles qui sont, comme toutes les petites filles... enfin.
C'est comme moi. Mme Howard est aussi très aimable, elle m'aime beaucoup dit-on et m'embrasse toujours lorsque nous nous voyons. Vers cinq heures un quart Paul vient tiré à quatre épingles.
- Voilà Paul qui vient nous chercher, dis-je et depuis ce moment nous commençons nos adieux; mais les adieux durent encore une demi-heure.
Elles m'aiment tant ces Howard. Elles pensent que je suis un génie et originale et spirituelle et tout au monde. Pauvres petites ignorantes !
En retournant Paul nous dit qu'il pensait rester jusqu'au soir et dit:
- Je voudrais peut-être plus que vous tous rester, mais vous avez dit : Paul vient nous chercher : Je devais vraiment partir.
Hitchcock devient quite tamed, je l'aime assez. Encore tout le temps à la maison nous parlions de mon costume. C'est un thème nouveau cette année et amusant toujours. Bête me conseille d'être une femme de boyard russe. M. Abrial dîne chez nous. J'ai encore dit un lot of nonsenses at dinner. Dina commence à parler anglais et la semaine prochaine commencera les leçons d'anglais. Comme elle est laide, pauvre fille !
J'ai lu dans "Le Derby" que le duc de Hamilton a commandé le portrait de Barbillon.
Papa dit qu'il croit que le duc de Hamilton n'est pas marié, que les fiançailles ne sont rien et qu'il pourrait changer d'avis. Nous parlions de Gioia et papa dit qu'elle est sans doute auprès du duc de Hamilton.
Mais je ne doute pas que dans quelque temps il ne reviendra à elle. Est-ce qu'une Anglaise... non j'allais dire une bêtise.
Je vais me coucher de bonne heure, à dix heures et demie, je serai dans mon lit.