Bashkirtseff

Mercredi, 29 octobre 1873

OrigCZ

# Mercredi, 29 octobre 1873

Cette cochonne n'est pas venue pour refaire mes robes ! La verte est sur ses last legs.

J'ai rêvé de tous les Miloradovitch, de Gritsia aussi, il était assez laid et voulait toujours être avec moi.

Maman va mieux, bien mieux.

Il fallait dire à Elder qu'elle ne vienne plus. C'est une désagréable pilule, j'ai prié Bête, qui le lui dit et lui demanda combien on lui devait. Alors j'entre, Bête dit à elle, que:

- How your pupil speeks well English, etc.

Alors elle dit que je parle comme une Anglaise, qu'elle, à m'entendre, ne dirait jamais que je suis a foreigner, que c'est très rare, etc. etc. Enfin c'est fait et c'est bien heureux.

Il pleut, mais pour sortir la pluie cesse. Nous restons pour la première fois depuis que cette villa existe dans le salon jaune et Bête, Solominka et moi tricotons.

Nous sortons (robe verte, chapeau bleu, très bien). Les étrangers arrivent, mais ça ne me réjouit pas. J'ai vu la première fois cette année Mme Prodgers, elle est très embellie vraiment. Je vais chercher mon chapeau, je le mets et m'en vais en laissant le mien. Il est très bien, comme je voulais.

On travaille chez Gioia. [Rayé: Pauvre Gioia.]

Papa, ce vieil âne est fou. Il ose me parler d'une manière très insolente ! Il ose jurer, je ne puis plus le supporter, surtout sans aucune provocation. Il me traite en animal, en tyran, en paysan ! Je ne puis supporter de pareils outrages ! En arrivant à la maison j'étais hors de moi, je m'arrachai le bouton de la robe de rage ! Vraiment je n'ai jamais été outragée ainsi, c'est la première et la dernière fois. Je dirai à maman que je ne veux plus supporter les insolences de cet homme; il admet mal l'honneur que je lui fais en étant sa petite-fille.

[En travers: Voyez-vous le bel honneur !]

Je n'ai jamais été si enragée, je pleure de colère.

Nous déposons ce cochon et nous allons avec Bête au London House ils ont des glaces magnifiques. J'ai commandé une paire de bottes de chasse chez Martin.