Lundi 4 septembre 1882
# Lundi 4 septembre 1882
Voilà que j'ai pris froid et fus malade ainsi que l'a prédit la trois fois vénérée mère Jacob. Et une lettre assez amusante de Bojidar en réponse à la mienne dans le genre de celle de Nice à Julian et signée Bojidar-tiste, Dina-toire et Marie-noceros.
J'en ai signée Andrey-acune, Andrey-au mur, Andrey de chaussé, Andrey-volution etc. Et puis ?
J'ai écrit un petit mot affectueux à Tony. Et puis ? Et puis ! Puis voilà tout.
Et la Russie... Je me rappelle l'année dernière, j'avais dit en écrivant que je me levais à sept heures pour aller me promener et le lendemain à sept heures Michka se promenait dans le jardin avec des gants gris-perle tout neufs, c'est Rosalie qu'il a rencontrée...
Ah ! Ce serait beau car ni talent, ni génie ne vaudrait aux yeux de la majorité comme un grand mariage. Si j'y vais... Enfin il est possible que je les vois une ou deux fois seulement ces jeunes gens et quelle probabilité y-a-t-il ? Enfin c'est un mois que je volerais à mon travail... Mon tableau ne s'en fera pas moins... Mes deux figures sont arrêtées et dessinées, c'est un travail ou il n'y en a presque pas, tout est dans l'effet et un mois suffit amplement. Donc si je perds septembre j'ai octobre et jusqu'au 1 5 novembre pour le faire. Et si je reviens mariée, oh ! Bonheur !... Il paraît que l'un d'eux celui que Paul me destine est celui qui avait volé mon portrait à Michka; il paraît donc que celui-là et il s'appelle Vassily, est le plus charmant et le plus honnête garçon du monde. Moi je serais une femme parfaite... Quand ça ne serait que par dignité et orgueil...