Mercredi, 19 août 1874
# Mercredi, 19 août 1874
Une fois en passant j'ai parlé des pieuvres et le Polonais m'a demandé si j'en voulais :
— Oui, ai-je répondu et oublié.
Ce matin le garçon entre et apporte une grande et belle coquille pleine de pieuvres. On dit de faire monter le comte qui attendait en bas. J'écrivais, je ne me suis pas levée, je n'ai pas tourné la tête jusqu'à ce que je n'eus fini de cacheter et d'écrire l'adresse. Il s'attendait à de l'effet ; il n'y en eut point. Je suis comme tout le monde, je profite où je puis, mais pour le remercier je lui ai donné plusieurs lettres à expédier.
Ce soir nous allons tous au théâtre, on donne "Le Sphinx". Avec les Tamancheff nous sommes douze. Assez pour remplir un côté du théâtre. Vis-à-vis sont les gentils Foster. Malgré de mauvais acteurs j'ai revu la pièce avec plaisir. Mais même avec beaucoup d'indulgence, je trouvais Mme de Schelles détestable, et avec cela pas de toilette. L'autre, Berthe est presque aussi bien qu'à Paris. Cette bonne famille de Tamancheff est très gentille mais souvent elle m'ennuie. Comme les Anitchkoff, qui sont les meilleurs amis que nous ayons et qui avec cela m'ennuient.
Ces Tamancheff entraînent toujours hors des promenades, à cause d'eux je n'ai pas encore été à la musique. J'aime les bataclans jolis, celui-ci est trop simple. Après la représentation on va vers le cercle des Bains mais on voit les lumières éteintes à mi-chemin.
Walitsky a composé encore quatre poésies, librement rimées mais comme il s'agit des personnes qu'on connaît :
Yeux bleus Nez saucisson Ours lourdaud Gros fort Doenhoff pataud Surveillant des bois russes.
C'est pour Doenhoff, voici des vers plus gentils.
Le Belge Gambart S'est caché dans une grange Dans une grande agitation À cause de la décoration reçue De dame Marguerite Et de toute sa suite Pour les écrevisses et les truites Les jeux et la balançoire.
Je traduis ces vers ainsi :
Monsieur Gambart Enjambe ces remparts Dans une grande agitation Après la réception