Bashkirtseff

Lundi, 6 juillet 1874

Orig

# Lundi, 6 juillet 1874

Le petit Polonais nous a donné à jouer au croquet. Eristoff, Body, Dina et Paul d'un côté, et moi, maman, Walitsky et le comte de l'autre. Nous fûmes battus parce que à la fin j'avais tué tous les miens excepté le comte auquel je réservais le même sort et, par un hasard extraordinaire, au lieu d'un homicide je commis un suicide. Naturellement lorsqu'il se vit seul contre sept adversaires il ne fit pas comme Horace.

A dîner dans le restaurant Laeken, je me trouvais mal, pas tombée, mais je sortis de la salle et restais pendant qu'on dînait, dans la cour aux lapins.

Il y a grand concert, robe rose, chapeau noir, gants noirs. [Rayé: La mère du comte a été la plus heureuse des femmes.]

"Le petit Polonais est tellement enchanté de la connaissance qu'il eut l'honneur de faire que sa mère est la plus heureuse des femmes de pouvoir cultiver cette connaissance".

Dans l'entracte nous nous promenions, moi, Dina et Basilévitch. de Neufarge entra et tout le monde le regarda.

Près de notre maison on allait se séparer lorsque Macainne passe. Alors moi, pensant que, parlant russe, le nom deviendrait russe aussi : Voilà Makak le cochon ne fait pas votre affaire. Il entendit et se retourna "M. Macainne" lui cria maman. Il revint. Il est stupide en français lorsqu'on lui demanda ce qu'il allait faire: Bouver et tourner, dit-il en s'empalant sur sa canne. Maman dit qu'il est propre et gentil, oui propre et gentil mais commun, blunt.

En voyant la comète j'ai formé un souhait. Je ne sais pas au juste lequel, revoir comme je l'entends le duc et être riche. Maman m'a, tout haut, désiré du bonheur.