Mardi, 5 mai 1874
# Mardi, 5 mai 1874
Aujourd'hui aussi je suis jolie.
M. Mme et Mlle Filimonoff étaient chez nous pour prendre congé. Je descendis jusque dans le... comment nommerai-je ce passage, cette voûte et ce corridor, enfin va pour voûte.
Comme j'embrassais Mania je vis que dans la rue, près de la maison, dans le fiacre était une dame, et près du fiacre M. Blancho. Ils me regardaient. Je restais exprès plus longtemps; j'étais contente d'être vue, car j'étais très bien, aussi bien que je puis l'être.
La pauvre princesse était prise comme d'un délire et disait des folies, aujourd'hui elle a toute sa raison, mais elle garde le lit. Depuis quelques jours elle loge chez Mme Daniloff. Ce matin j'allai la voir, à pied, toute seule avec mes deux chiens Prater et Piccon.
Il faisait très beau, je ne marchais pas, je volais et je m'enivrais de cet air pur... malgré la ruelle. Je voulais rencontrer quelqu'un, je ne sais trop qui.
Nous sortîmes à cinq heures, j'ai été commander un plan de jardin. Il fait très frais pour un mai à Nice.
L'homme sans crâne était chez nous; il venait avec je ne sais quels papiers du notaire. Je riais de voir chez nous un des bataclans de la jeune Nice.
[En travers: L'homme sans crâne c'est Fiouloulou qui a effectivement le crâne très plat.]
Le fait est qu'on m'ennuie beaucoup pour ces misérables arbres '
Après dîner nous allons à pied, moi, Dina, maman et Mme Anitchkoff avec ses progénitures. Avec maman je vais en fiacre à la Promenade, je parle toujours, je tâche de m'expliquer pour ne plus avoir de querelles, mais on ne compend pas quand on ne veut pas comprendre I
J'oublie tout maintenant ! N'importe, je veux partir.