Mercredi, 1er avril 1874
# Mercredi, 1er avril 1874
Premier avril ! Paul m'a attrapée plusieurs fois mais moi j'ai fait mieux j'ai écrit à Walitsky une lettre de la part de l'Anglais auquel il a donné un soufflet samedi dernier à Monaco pour une impertinence envers Paul.
Dans cette lettre je le prie de venir demain à l'hôtel de la Méditerranée à neuf heures.
S'il ne devinera pas ce sera charmant.
Hier j'étais déjà couchée lorsque je le vis, si bien que c'est même incroyable.
Nous étions à 55, puis j'ai laissé maman, ma tante et Walitsky à la gare.
J'ai pensé envoyer à tous les amis de Fedus " C'est un nouveau venu" mais je dois consulter maman, peut-être ce serait une trop grosse bêtise.
Je ne pense qu'au moment où je serai à Paris, mais avant à Genève, j'adore Genève pour quinze jours, mais Paris pour toujours. Je sais enfin ce que je veux : Paris. J'aurais voulu Londres mais Hamilton n'est plus. Même sans lui j'hésite, Paris ou Londres, de sorte que de nouveau je ne sais pas ce que je veux; je veux me partager entre Paris et Londres que j'aime sans jamais l'avoir vu. J'adore les Anglais et c'est assez.
Maman revient à dix heures et les autres aussi mais ils soupent au London House . Vers onze heures tout le monde est rentré et on raconte que M. Karitoff, sa femme etc. sont tous amoureux de moi, ma démarche, ma voix, ma figure, mon sourire, mes manières surtout, tout leur paraît admirable. Même ils me trouvent un fiancé excellent quatre cent mille roubles de rente, un de leurs beaux-fils ou cousins ou frère de la femme de leur fils, un Sorokooumovski, les braves boutiquiers I. Les Sorokoo- etc vendent des fourrures. Mais quelle horreur de se nommer So-ro-ko-ou-mov-ski !*.
Je pense avec chagrin, à ce qu'il y a des Soroko etc. richissimes tandis que je ne le suis pas.
Ah si j'étais riche !
Ventre de biche !