Jeudi, 19 février 1874
# Jeudi, 19 février 1874
Worth m'a envoyé la robe blanche, très jolie. Je la porte chez Simone pour l'arranger (robe bleue et chapeau bien). Nous, moi et Dina, rencontrons maman, ma tante et Mme Anitchkoff sur le quai à pied, elles vont à l'étranger. Nous sommes seulement deux avec Dina. Je commande chez Visconti "Les femmes célèbres" par Sainte-Beuve et "La femme" par Larcher; aujourd'hui nous avons rencontré Lambertye et Audiffret au moins cinq fois. Mais surtout Lambertye sur la Promenade deux fois, nous allons au London House, il est tout près, nous retournons encore lui, et encore et encore et à la fin j'avais envie de rire. Surtout il s'est frisé ou il a une perruque; et il me rappelle ces réclames pour la chute des cheveux. Mais à dîner nous rions bien plus, il paraît qu'il alla lier conversation avec papa au petit jardin, il commença par lui demander si nous occupons toute la villa Baquis, si c'est chez nous que vient cette dame très forte, et si c'est vrai qu'elle s'est divorcée avec son mari. Sur cela un vieux comte français, un ami à papa vint lui parler politique et Lambertye fut abandonné. Papa a si drôlement raconté et décrit le comte, frisé comme Bijou (il l'est aujourd'hui), très parfumé quand il tira son mouchoir, etc.
etc. Tout le temps on a ri et plaisanté assez proprement sur la princesse et le comte. Elle le connaît bien de vue, car il passe, dit-on, souvent par notre jardin.
Paul a fait venir de London House deux bouteilles de kwass mousseux qui étant débouché monta jusqu'au plafond et arrosa tout le monde. Le soir nous jouons à la roulette, je jouais gros jeu, et lorsque j'oubliais de jouer on jouait pour moi connaissant mes numéros. J'aime le jeu, je jouerai. Je n'dis qu'ça.