Bashkirtseff

Mercredi, 7 janvier 1874

Orig

# Mercredi, 7 janvier 1874

Nous sortons et je vais porter ma robe à Monier qui va l'arranger. Andrionoff monte avec nous chez Monier. On fait des plans pour ce printemps. Nous irons reconduire Stiopa et sa femme et puis nous allons faire un tour en Italie. Je pense déjà à mon costume de voyage.

Maman va rendre la visite à Mme Antonsky et nous fait monter aussi. M. et Mme Warrodel arrivent dimanche. Nous passons aussi chez Haton.

A dîner papa est fou, il dit des choses affreuses de ceux qui vont à Monaco devant Hitchcock, qu'on doit relever les jupons et rosser les femmes qui y vont, que ce ne sont que des cocottes etc. etc. Quel respect après cela peut avoir cette dinde anglaise pour maman ! Oh ! triple Miserere !

On parla de Collignon et alors il est devenu furieux et m'a dit des impertinences, j'ai répondu par des preuves, pour le faire taire, pour qu'il cesse de dire des choses abominables et presque calomnier et dire du mal de sa fille. J'ai cru devoir m'en aller, autrement ça ne finirait pas. Mais la princesse reste avec lui et il lui dit mille impertinences auxquelles elle répond de même.

Oh ! double Miserere !

Quelquefois je suis si honteuse de ce qu'il dit que je voudrais me cacher sous la table !

Je n'ai pas été à la promenade et depuis longtemps déjà je ne vois personne.

Les demoiselles Howard nous ont invités à la matinée d'enfants qui aura lieu chez eux, jeudi. Miserere. Je ne mettrai pas la robe bleue parce que je crains les garçons gloveless