Bashkirtseff

Samedi, 27 septembre 1873

OrigCZ

# Samedi, 27 septembre 1873

J'allume le matin la bougie, depuis hier, il fait froid. J'ai vu Mme Boreel à sa fenêtre et les Henderson à pied, enfin Prodgers's husband est arrivé. Mme Skariatine aussi.

Maintenant les fleurs du canevas sont faites, il reste à remplir les feuilles et le fond (robe verte, pas mal). Je n'eus le temps que d'acheter des cahiers et passer une fois la promenade. Je voudrais faire une bêtise; pour parier par exemple, mais avec un parieur aussi ardent, original et fou comme moi; je voudrais, je veux, pendant l'entracte (étant dans une avant-scène) descendre de la loge, traverser la scène près du rideau et aller m'asseoir dans la loge vis-à-vis. Tout cela, sérieusement, avec une jolie toilette et devant le public, ça va sans dire.

Bête et Dina me proposèrent le duc.

- En vérité, il parierait, je crois et c'est un charmant fou.

Je n'ai pas vu Gioia. Hier, maman l'a vue à Monaco et on ne la laisse pas entrer. Ça n'est vraiment rien qu'une fille.

On va au Français "La baronne". Je vais seulement pour une demi-heure (même robe) mais la pièce m'intéresse et je reste, assise derrière Dina. Personne ne m'a vue, il n'y avait personne. Cet après-midi j'ai rencontré Mme Massaloff, j'ai descendu lui parler, elle n'a pas passé cet été à Bade, toute la même.

Je ne voulais pas qu'on me voie au théâtre. "La baronne" dit-on, est immorale. Eh bien moi, je trouve tout le contraire. Chaque acte, maman essayait de montrer les horreurs de la pièce et me lisait de la morale dissimulée comme je l'appelle. C'est ainsi que les parents détruisent la confiance des enfants.

C'est Dieu merci, fini à onze heures, ce qui est tôt pour Nice, où l'on nous martyrise quelquefois jusqu'à deux heures.