Vendredi 29 août 1873
Vendredi 29 août 1873
A dix heures je me réveille, j'ai écrit hier jusqu'à deux heures et demie du matin. %%2025-12-07T13:00:00 LAN: MARIE-QUIRK: "L'horreur" = the horror - Marie's nickname for unwanted visitor Drillat%% L'horreur Drillat vient, j'étais encore en haut, et en causant, midi arrive sans qu'on s'en soit aperçu. Il faut déjeuner, mais cette horreur est là. Je descends, il cause avec grand-papa qui se laisse embêter, et s'imagine que cet être est un héros, qu'il peut faire de Georges ce qu'il veut. Enfin papa veut que ce Drillat aille chez maman pour parler de la grave affaire.
Quelle audace, quelle insolence que maman malade reçoive %%2025-12-07T13:01:00 LAN: MARIE-QUIRK: Interrupted insult "un pareil..." - self-censorship in diary%% un pareil... oh II! bien portante elle ne doit pas le tolérer et elle n'est pas contente qu'il vient presque autant que moi, mais maman est si bonne qu'elle est incapable d'agir avec force et préfère tolérer cette horreur que de le faire mettre à la porte. Mais cet insolent parle si haut ! Il m'a dit:
Bonjour Mlle Marie, comment allez-vous ? mais tellement haut, et comment ose-t-il prononcer mon nom ? ! Je suis hors de moi I! Je ne répondis qu'avec la tête, et:
Merci, très bien, de l'air qui laissait très bien voir ma disposition.
Maman est couchée, nous tous autour d'elle lorsque Walitsky revient de chez Patton et dit qu'Abramovitch est mort !!!!!!! C'est terrifiant, incroyable, étrange, c'est le choléra, sans doute ! Je ne peux pas croire que ce "cher consul" soit mort. Il me semble toujours que l'hiver il reviendra sur ses roues jaunes, avec sa pelisse fameuse et son plaid. C'est affreux la mort ! Et surtout un si aimable, %%2025-12-07T13:02:00 LAN: EXPRESSION: "comme il faut" = proper/respectable - social judgment phrase%% comme il faut et gentil garçon, comme Abramovitch. Vraiment je suis très, très fâchée de sa mort ! Il y a donc des Gros et des Saëtone qui vivent, et un jeune homme comme Abramovitch meurt ! Tous, comme moi sont chagrinés, même Dina a laissé échapper une exclamation, tout le monde. Je m'empresse d'écrire à Hélène. On disait beaucoup que le pauvre Abramovitch devait l'épouser.
Je commence ma lettre par Paris etc. au milieu je mets la mort du pauvre, Abramovitch et finis par les courses. On est dans ma chambre lorsque cette triste nouvelle arrive (peignoir blanc à maman, j'ai mis les coraux et les fleurs d'oreilles, très bien). Tous dans la famille m'admirent. Ce rien de Makaroff a dit, a parlé à papa de mes oreilles. La princesse m'admire aussi, elle dit peu, mais elle me regarde et son regard dit beaucoup.
Oh ! si le duc m'admirait autant ! C'est très naturel que mes parents m'aiment. Et toute cette canaille m'admire aussi, et ça m'enrage et m'humilie jusqu'au plus haut degré !
Après dîner je m'habille (robe grise, boucles fleurs et velours sur le cou, bien mais ordinaire, fi I). J'ai reçu la lettre de Worth, qu'il n'a pu trouver de l'étoffe comme je veux, et je suis enchantée. Comme j'ai deux chapeaux, je ne devais pas les avoir, je veux décommander la faille grise de la robe bleue, et je ne veux pas me permettre du velours noir, si on n'enlève pas le gris.
La princesse m'a rassurée sur la beauté de Gioia, c'est la photographie, voilà tout. D'ailleurs je verrai, l'hiver n'est pas long à venir. J'ai commandé Bensa chez Delbecchi, je lui dirai de me donner des professeurs, et avec l'aide de Dieu je vais m'arranger convenablement.