Mardi 15 août 1882
# Mardi 15 août 1882
M. Géry m'envoie un bouquet de roses. Hier nous avons été à ('Exposition des Arts décoratifs avec les Gavini, puis au Bois, il ne fait pas chaud du tout cet été. Saint Amand est à la campagne. J'ai encore posé et j'en aurai encore jusqu'à jeudi...
Mais enfin ! Quelle idée que je puis faire un beau tableau !! Quand on fait quelque chose de bien cela vient à la suite d'une série de choses assez bonnes, mais comme cela, tout à coup !
Parce que j'aurai trouvé des attitudes, une esquisse... Et que je veux... Enfin... Que vous dire... Il vaut mieux ne pas y penser... Seulement j'ai bien tort de m'imaginer qu'on peut comme ça... D'autant plus que... C'est-à-dire d'autant moins.
Que Dieu me soit en aide. Je voudrais n'y avoir pas pensé, et n'avoir compté sur rien; d'abord on n'a des bonheurs que par surprise, on est toujours trompé lorsqu'on s'attend, mais je ne m'attends à rien... Seulement cela m'ôte le sommeil. Ça pourrait être si beau ! Je le comprends si bien ! Ce serait tellement supérieur aux bûcherons et aux ramasseurs de pommes de terre dont on nous persécute en l'honneur de Bastien.
Et ce n'est pas de l'Académie, c'est du plein air, du réalisme, quant à l'exécution; et comme sentiment ce n'est ni convention, ni mélodrame, mais humain mais... Ah ! si je pouvais. Ah ! si je pouvais.