Vendredi 11 août 1882
# Vendredi 11 août 1882
Quel dommage qu'un homme aussi bon, aussi doux ne soit pas quelque chose de...possible. Comme je pose tous les jours je l'étudie, c'est un être excellent et simple.
Dimanche nous aurons fini...
Nous parlons en riant de le marier. Je le marierai avec Dina, cela vaudra mille fois mieux qu'avec Julian, c'est plus chic, et ce sera peut-être plus facile. La femme de Tony sera très heureuse, il a un cœur rare. Et moi, avec ce ridicule amour bonapartiste !
Oh ! il y a dans ce passé des choses à grincer des dents ! La façon dont il nous a traités, Dina et moi II
Que croyait-il donc, mon Dieu !
C'est honteux et répugnant mais je vais le dire pour me mortifier. Voilà, il nous a accompagnées en voiture assis sur la banquette de devant. J'ai allongé mes pieds, il en prit un et l'a tenu dans sa main le posant sur ses genoux [trois quarts de la page découpée]. Eh bien et après cette grossièreté, après cette conduite, j'ai le courage de parler de ce monsieur Acard II
Je me dis que c'était moi qui ai provoqué ses inconvenances... Alors je n'avais donc pas l'air d'une enfant gâtée ! J'avais donc l'air d'une espèce de coureuse I! [trois quarts de la page découpée].
Dumas fils a raison lorsque dans l'affaire Clémenceau il parle du besoin d'étonner, de régner... Lorsqu'il prend des amants vieux et laids... C'est dans la nature féminine je le comprends. Aimer un supérieur, un égal... Mais aller aimer un homme qui se sent indigne de vous et qui reçoit vos faveurs comme Moïse les douze tables, pour lequel vous n'êtes pas une femme mais une déesse... C'est... C'est amusant. Aller trouver un être qui n'ose pas élever ses regards jusqu'à vous et lui dire: Prenez-moi... Il doit y avoir là une jouissance suprême et en somme ne serait-ce pas une sorte de... Charité immense ?...
Et puis est-ce déjà si mauvais que de jouir du bonheur qu'on donne à qui ne peut vous en donner ? Il y a un peu de ça dans les imaginations à moi...