Vendredi 7 juillet 1882
# Vendredi 7 juillet 1882
Je suis un peu tourmentée par mon billet à mon père.
Il faudrait au moins le dire à maman, car je ne jouis même pas de la sotte vengeance... La vengeance paraît toujours sotte quand on n'est plus en colère.
Paul est si l'on en croit les dépêches très malade et maman est dans un état d'inquiétude à faire pitié, elle se traîne à peine. Nous nous parlons [Rayé: mais à peine] seulement pour ne pas affecter de ne pas se parler... Du reste je crois qu'elle se dit avec cette incroyable insouciance d'enfant, que c'est passé. Pauvre femme... Il me semble à présent que je me fais des monstres à plaisir... Et pour être vrai il faut avouer qu'elle est insouciante et ignorante de la vie... Voilà tout, seulement quand on est furieux on dramatise les choses et en somme je ne sais si c'est en colère ou de sang-froid que j'ai raison. Si je juge en étrangère... Mais en fille, et c'est ainsi que je suis quoique je fasse... Je ne puis rien penser de mal sérieusement, car il y a des défauts mais avec cela du dévouement, un dévouement bête si vous voulez, mais c'est égal ou presque égal... Et puis on ne peut pas refaire sa nature, elle ne sait pas être meilleure bien qu'aimant ses enfants; voyez pour la maladie de Paul et pour la mienne donc... Enfin, c'est attendrissant.
On a beau se dire ! ... Bref il y a que, il vaut mieux ne pas juger sa mère car on l'aime et malgré toutes ses révoltes, on en revient à ce sentiment, je ne sais m'exprimer...