Samedi 1er juillet 1882
# Samedi 1er juillet 1882
Eh bien cela va mieux, et d'abord toutes mes toiles et tous mes dessins sont là réunis, je les passe en revue et je reviens à la vie. Depuis le matin je travaille avec Irma; Emile Bastien est venu et nous sommes restés à parler art pendant plus de deux heures. C'est un si bon garçon, pas complimenteur, intelligent et comme c'est le frère de Bastien on croit entendre les conseils et les avis de l'autre. Moi j'en ris avec lui, la scie du frère célèbre; nous en plaisantons. Mme Cartwrigth dit qu'"Emile Bastien-Lepage vous trouve la réalisation de tous les rêves du poète". Un homme de goût alors juste ? Comme l'Américain Simmonis qui m'a vue avec Mlle Lônstadt chez Madevick, qui a dit à la petite Lônstadt qu'il me suivrait partout s'il était riche. Voilà une femme.
Voyez-vous ces succès. Du reste je ne plais qu'aux gens intelligents. Ô fatuité ... Non, c'est vrai, les artistes soit femmes ou hommes raisonnent toujours au-dessus de leur condition.
Bailleul à dîner et Bojidar avec ses éternels potins démodés et dénaturés. Il ne sait rien, entend de travers et invente. Du reste peu de tenue depuis qu'il se croit artiste et une conversation ridicule. Ce pauve Emile est architecte mais il n'en a pas l'air, et puis il a dit du bien de plusieurs toiles et m'a encouragée.
Les faux compliments se reconnaissent et font mal.