Samedi 10 juin 1882
# Samedi 10 juin 1882
"Le Figaro" et "le Clairon" célèbrent notre dîner-
Je vais chez Tony ou je fais Carolus et vers quatre heures ayant seulement le temps de passer une robe je me précipite au Salon ou se trouvent Mmes de Lambertye, Gauthereau et Louise Abbema qui vient pour la première fois. Très contente de mon pastel comme tous les autres... Enfin nous nous arrachons pour aller tout à côté chez Mme de Janzé où l'on joue la comédie. La duchesse est là, sa petite fille aussi. Mme Gavini, (Mots rayés Saint Amand est là aussi], la petite comtesse de Béarn très sympathique et gentille, la comtesse de Briez. Saint Amand, très heureux de nous voir ainsi, chantant mes louanges. Hier il a parlé tellement de ma grâce, de ma beauté, de ma distinction, de mon chic, de la façon exquise dont je reçois chez moi que Mme de Janzé m'a reçue tout particulièrement. Du reste les deux journaux de ce matin ont été parfaits.
La comtesse Ducos, femme de l'ancien ministre est venue en sortant de chez Mme de Janzé déposer ses cartes, du reste elle est d'une amabilité charmante.
Mais ce qui a été assez bon c'est la comtesse Multedo venant nous saluer, se nommant en allant chez nous en sortant de la comédie, vers six heures.
Saint Amand jubile et Adeline est très contente.
- - Vous voilà très bien, je l'ai dit ce matin à Denis.
- - Oui mon enfant, ma fille chérie, dit de son côté Saint Amand, vous êtes dans le grand mouvement, mais prenez garde aux épouseurs décavés. Vous ne pouvez épouser que des millions ou une situatin colossale.
- - Il n'y a pas de danger. Je sais ce qu'il me faut.
Enfin je crois qu'après tant de tourments je suis enfin arrivée à ce bonheur rêvé et ou ? à Paris !!
[Mots noircis: Et c'est] grâce à la duchesse. Je ne m'explique pas ses bontés et ses attentions s'il ne s'agit que de quelques charités aux petites sœurs etc., il n'y a là aucune inquiétude à avoir. Elle a sans doute des épouseurs décavés.
Je ne crains pas cela, je refuserai voilà tout. Du reste il y a déjà deux ou trois étrangères riches qu'elle patronne dans l'espoir de redorer quelques blasons. Donc... J'avoue que cela m'ahurit un peu, je suis étourdie d'avoir réalisé tout d'un coup des rêves accompagnés de tant de larmes.