Bashkirtseff

Mercredi, 22 avril 1874

Orig

# Mercredi, 22 avril 1874

Oh quelle soirée ! Mon Dieu ! je ne sais pas ce qui arrive avec maman, mais elle est d'une irritation incompréhensible. Par mégarde je viens chez elle le soir, la princesse était là et nous parlions tranquillement, elle part et je ne sais ni comment, ni pourquoi commencent des tiraillements et des agacements affreux, terribles, insupportables sans commencement, sans continu et sans fin.

Exaspérée je m'en vais chez moi, tout à reculons et lançant quelques mots pour me défendre. La porte est ouverte au balcon, je me jette près de cette porte m'appuyant sur un fauteuil, j'y fais ma prière de tous les jours et je m'oublie quelques instants. Un poète dirait: Elle était à genoux, son habillement (large et long tombait en larges plis et dessinait ses formes, laissant à découvert son cou et ses bras d'une éclatante blancheur. La tête entre les bras, les yeux pleins de larmes fixés sur le ciel et les cheveux flottant sur les épaules, cette figure moitié à genoux, moitié assise était éclairée par la lune qui faisait briller les larmes qui roulaient sur ses bras blancs et potelés). Je me lève lorsque je sens la fraîcheur de la nuit. Puis commence à travers la porte une fusillade assez calme et un peu comique. Maman me parle [Rayé: assez] tranquillement toujours à travers la porte mais je réponds sèchement. Je suis fâchée.

Maintenant je suis plus calme, assez pour m'occuper de ce qui m'intéresse: "le duc de Hamilton a quitté le Caire le 6 avril pour Alexandrie d'où il s'embarque pour Constantinople, avec lord Mandeville, fils du duc de Manchester, son beau-frère. Ces messieurs ont logé à l'hôtel Sheapheards". On ne dit rien de la duchesse de Hamilton. C'est "Le Derby" qui donne cette nouvelle.

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Je trouve inutile et stupide de dire ce que je pense et ce que je sens.

Je suis fatiguée et dégoûtée.